dimanche 30 décembre 2012

Sélection Guide Hachette des Vins

J’ai participé avec plaisir à ma dernière dégustation professionnelle de l’année : sélection des Satellites de Saint-Emilion 2010, pour l’édition 2014 du Guide Hachette des Vins.
Nous étions près de 50 dégustateurs pour environ 200 vins des 4 appellations Lussac-StE, Montagne-StE, Puisseguin-StE et Saint Georges-StE.
De l’avis général des dégustateurs, les vins étaient magnifiques. Quel beau millésime que ce 2010 ! Des vins colorés, denses, ronds, aux arômes de fruits mûrs et d’apport boisé bien maîtrisé. C’est assurément le plus grand millésime qu’il m’a été donné de vinifier (mon 1er est 1986). Nous nous sommes régalés, et la sélection n’a pas été facile. J’ai eu le privilège de participer au Grand Jury constitué pour sélectionner les coups de cœur du millésime. Ce ne sont pas moins de 20 vins qui ont été choisis par les dégustateurs comme pouvant prétendre à un coup de cœur ! Un tel nombre est rare à ce niveau.
Une très belle sélection de Lussac. Denses, concentrés, presqu’austères parfois tellement la matière est riche. Mais construits sur des tanins mûrs, avec une belle complexité aromatique entre fruits mûrs et boisé encore dominant.
De magnifiques Montagne également. Structurés, ronds, avec des tanins qui commencent à se fondre, apportant beaucoup de longueur. Les arômes expriment à nouveau les fruits bien mûrs rehaussés de notes torréfiées.
Des Puisseguin tout en rondeur et en fraicheur, avec des apports boisés un peu dominant encore mais plein de promesses pour les années à venir.
Enfin de grands Saint-Georges aux équilibres magnifiques entre puissance et fondu des tanins, les arômes de petites baies, notes toastées et touches épicées se mêlant dans une superbe harmonie.
Vraiment une très belle dégustation !
Nous sommes finalement tombés d’accord assez facilement pour attribuer 5 coups de cœur à cette très belle sélection. Il faudra attendre septembre 2013, date de parution du Guide Hachette des Vins 2014, pour connaitre l’identité des heureux élus.
  
Le Guide Hachette des Vins c’est :
      §  1 200 dégustateurs
      §  40 000 vins dégustés
      §  10 000 vins sélectionnés
      §  500 coups de cœur
C’est le plus ancien guide de sélection de vins de France (1ère édition en 1983).
C’est le plus gros tirage parmi les guides sur le vin (120 000 exemplaires).
C’est une édition en mandarin prévue pour avril 2013.
La particularité du guide résulte dans le fait qu’il ne s’agit pas d’une sélection effectuée par un seul dégustateur, aussi compétent soit-il. La sélection est effectuée, à l’aveugle, par un grand nombre de dégustateurs. Il s’agit d’œnologues, de courtiers, de producteurs… de ceux-là même qui connaissent le mieux l’appellation qu’ils sont appelés à juger. Ainsi peut-on garantir que les vins sélectionnés par le Guide Hachette sont bien les meilleurs de leur appellation et que les rares coups de cœur sont assurément de Grands Vins !
Renseignements complémentaires sur le site internet du guide : http://www.hachette-vins.com

Cette dégustation m’a fait replonger dans l’édition 2013 du Guide Hachette des Vins.
Parmi les producteurs que moi-même et mes collaborateurs accompagnons de nos conseils, j’ai trouvé :
                §  99 vins sélectionnés
                §  7 coups de cœur
                §  68 vins étoilés
                §  24 vins cités
L’occasion de remercier nos partenaires viticulteurs pour la qualité de leur travail.

jeudi 20 décembre 2012

Quel dernier vin déguster avant la fin du monde ?

Le calendrier Tzolk’in des Mayas est formel, et tous les scientifiques l’attestent : le vendredi 21 décembre 2012 (4 ahau 3 kankin dans le calendrier Maya) est un jour remarquable qui marquera la fin d’un cycle de 5 125 années. Lien : les Mayas, le calendrier et le 21-12-2012 (vidéo du CNRS)
Fin d’un cycle, fin du monde ? Ou début d’un cycle nouveau…

Codex Maya
Dans le doute je me suis dit qu’il fallait me préparer à l’éventualité d’un point final. Comme d’habitude, je m’y prends toujours au dernier moment et je n’aurai pas le temps de finir tout ce qu’il me reste à faire. Embrasser tous ceux que j’aime. Remercier ceux qui m’ont aidé à grandir. Accompagner mes enfants vers leur vie d’adulte. Finaliser mes projets professionnels. Faire une méga teuf avec tous mes amis… Et, choisir le dernier vin que je veux déguster. Car je ne voudrais pas partir sans, une dernière fois, boire un grand vin.
Un grand vin rouge bordelais sombre et puissant, aux tanins mûrs et fondus et à l’incomparable complexité aromatique ? Peut-être un Château Margaux 1982. Ou alors un Yquem 1959. Rond, gras, dense et opulent et en même temps plein de fraicheur. A la fois fleurs blanches, agrumes, et abricot confit et encaustique. Peut-être encore l’un de ces grands blancs de Bourgogne aux arômes noisette, acacia et touches beurrées avec une note de brioche, sur une bouche volumineuse et grasse avec une touche de minéralité. Un Montrachet 2005 du domaine des Comtes Lafon. Ou bien tant d’autres grands vins encore qui se bousculent dans mes papilles. Le choix s’avère difficile.
A bien y réfléchir, je sais quel est le vin idéal.
Un vin dans lequel le producteur aura mis toute son énergie, toute son application, toute sa passion. Un vin vrai. Un vin qui raconte une histoire, une aventure humaine. Un vin d’émotion. Un vin techniquement parfaitement maitrisé, mais pas un vin technique, pas un vin moderne. Pas un vin de cépage w, de levure x, de barriques y et de consultant z. Plutôt un vin qui raconte son sol, le climat qui lui a donné naissance et les choix des hommes qui l’ont enfanté et élevé. Pas obligatoirement un vin parfait, mais un vin pour lequel l’homme se sera investi pour approcher la perfection. Un vin qui a de l’âme et de l’humanité.
J’ai de la chance car des vins comme ça, j’en connais beaucoup. Il y en a de nombreux de par le monde, et dans notre vignoble de France tout particulièrement. Des vins de vignerons, des vins de paysans, des cuvées de caves coopératives… Des vins d’artisans, des vins d’artistes. Des œuvres d’art, des vins uniques. Des vins d’Hommes, qui lorsqu’on les déguste permettent d’approcher le divin.
Des vins comme ça, célèbres ou méconnus, starifiés ou modestes, vous en connaissez sûrement. Sachez les apprécier et les reconnaitre à leur juste valeur. Les hommes qui les ont élaborés pour vous, méritent votre reconnaissance. Ouvrez chaque bouteille avec émotion, comme si c’était la dernière.
Et rendez-vous dans le monde d’après

lundi 17 décembre 2012

BORDEAUX Tasting : pari réussi !

Les dégustations réservées aux professionnels sont légion à Bordeaux. Salons cosy des grands châteaux, hôtesses tirées à quatre épingles, costume-cravate de rigueur... ambiance bordelaise. Les dégustations grand public sont, elles, bien plus rares. Il y a bien le Weekend des Grands Crus organisé par l’Union des Grands Crus de Bordeaux, une fois par an. Plutôt select, réservé aux « grands amateurs » et pas très branché. Et puis il y a la Fête du Vin sur les quais, tous les deux ans. Immense succès populaire. Lien : bordeaux-fete-le-vin
Mais il manquait un rendez-vous à la fois classyet convivial. Un trait d’union entre le monde des grands vins de Bordeaux et celui de monsieur tout-le-monde, curieux de la chose du vin.
En organisant son grand tasting à Bordeaux, Palais de la Bourse, le magazine Terre de Vins prenait un double pari. Faire adhérer les producteurs au concept : présenter leurs vins à un public non averti, sans objectif direct de vente. Et faire venir les Bordelais, les Girondins, en centre-ville, à une semaine de Noël. Le pari est réussi sur toute la ligne, et bien au-delà des espérances.
Près de 100 propriétés originaires des différents terroirs des Bordeaux, des Graves, des Médocs, des Saint-Emilion et des liquoreux ont répondu présents. Ainsi qu’une dizaine de producteurs champenois. Ils ont présenté en dégustation près de 250 grands vins de Bordeaux des millésimes de leur choix, ainsi qu’une soixantaine de Champagnes. Wouhaouuu… Belle dégustation ! Lien : Liste des participants
Le grand public a lui aussi été au rendez-vous. Près de 3 500 personnes sur l’ensemble du weekend !
 












 
Au-delà des chiffres, ce qui m’a particulièrement frappé pendant ce weekend, c’est la soif d’apprendre le vin, de la part du public présent, notamment les plus jeunes. Partout il n’était question que de proportion des cépages dans l’assemblage, durée d’élevage en barriques, capacité de vieillissement, accords vin/mets… Il fallait voir cette gamine discutant avec Bernard Magrez, sans avoir la moindre idée de qui était le papyen face d’elle… Ou un peu plus loin, le Comte Stéphan Von Neipperg prenant plaisir à partager sa passion avec un couple de banlieusards retraités… La passion, la curiosité et le plaisir de partager étaient présents partout, autant pour les visiteurs que pour les producteurs.
Le 1er étage du Palais de la Bourse était en effervescence. Beaucoup de monde pour déguster les Champagnes. Là encore, beaucoup de convivialité et d’échanges. Les vignerons champenois étaient ravis d’expliquer les arômes fruités des pinots noirs, la fraicheur aromatique des chardonnays et leur apport de rondeur en bouche. Le public buvait leurs paroles, les papilles grandes ouvertes…

J’ai pour ma part dégusté une centaine de vins. Tous d’un très bon niveau. J’ai apprécié les excellents millésimes 2009 et 2010 majoritairement représentés. Mais j’ai beaucoup aimé aussi les millésimes plus anciens sélectionnés par les propriétaires, notamment les 2006, les 2007 et les meilleurs 2004.

Mes coups de cœur :
Château Larrivet Haut-Brion Pessac Léognan Blanc 2009 : très belle expression de fruits à chair blanche et de notes florales rehaussée de touches toastées, accompagnant une bouche ronde et fraiche, avec une belle sucrosité d’ensemble et une magnifique longueur. Un must !
Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 2009 : de la densité, de la concentration, une très belle matière de tanins mûrs, généreux et aimables. Un grand vin !
Château Canon la Gaffelière Saint Emilion GCC 2007 : beaucoup de fruit et de fraicheur sur une matière riche et équilibrée, encore loin de son optimum. Très belle réussite !
Enfin un prix spécial pour les vignerons champenois. Pour leur gentillesse, leur enthousiasme et la qualité de leurs Champagnes très réussis, la plupart à des prix inférieurs à 20 € !

La très belle gamme des vins du Comte de Neipperg
Avec son weekend Bordeaux Tasting, Terre de Vins a réussi son pari de créé un trait d’union entre le monde des Grands Vins et celui de ses amateurs, dont beaucoup de jeunes. La relation créée, faite de curiosité réciproque et d’échanges, rapproche ces deux mondes si différents en apparence mais animés par le même enthousiasme et la même passion. Elle me remplit d’optimisme pour l’avenir du monde du Vin.

lundi 10 décembre 2012

Produire une bouteille de vin, combien ça coûte ?

Cette question récurrente, autant auprès des amateurs que des professionnels, a du mal à trouver une réponse. Parce que les producteurs eux-mêmes ne savent pas toujours y répondre. Parce que lorsqu’ils connaissent leurs coûts de production, les producteurs ne souhaitent pas toujours les communiquer.

Il faut saluer le très intéressant travail mis en œuvre par la Chambre d’Agriculture de la Gironde qui apporte une réponse documentée à cette importante question.
Les spécialistes de la Chambre d’Agriculture et des ADAR (structures décentralisées de développement et de conseil) se sont basé sur l’analyse détaillée des comptes de résultats de plus de 100 propriétés du Bordelais. Ainsi les éléments de coût pris en compte correspondent-ils à la réalité observée sur le terrain. Afin de calculer le coût de production d’une bouteille de vin, tous les postes de dépense ont été pris en compte :
-       amortissement des bâtiments
-       amortissement et entretient du matériel viticole : tracteur, gyrobroyeur, pulvérisateur, sécateur, benne…
-       amortissement et entretient du matériel de chai et de la cuverie
-       produits divers : engrais, désherbants, phyto…
-       produits œnologiques : levures, enzymes, colles…
-       vendanges
-       analyses de maturité et du vin
-       conseil viticole et œnologique
-       main d’œuvre
-       frais généraux
-       assurances
-       frais de mise en bouteilles
-       frais d’habillage et de commercialisation.
 
L’ensemble de ces charges a été ramené à une exploitation type de 25 Ha de rouge en appellation Bordeaux, plantée à 3333 pieds à l’hectare (3m x 1m), avec un rendement de 50 Hl/Ha, commercialisant un vin avec un élevage en cuve.
Les données techniques proviennent des recoupements des données de l’observatoire technico-économique de la Chambre d’Agriculture et des références régionales existantes dans les ADAR.



Résultats ramenés au coût total de production d’une bouteille (€ / bouteille) :
  
 

Ces coûts de production sont une moyenne qui reflètent une réalité du terrain plus hétérogène avec de légères variations en plus ou en moins.

Pour schématiser, on peut dire que le coût du vin dans la bouteille est de 1 €. Le coût de la mise et de la commercialisation est de 2 €. Et le coût total de la bouteille est de 3 €.
Ceci est valable pour un vin rouge de Bordeaux d’entrée de gamme. Si l’on rajoute le coût d’un élevage en barriques, on obtient un coût de production d’un rouge de Bordeaux de milieu de gamme proche de 5 € la bouteille. Enfin, pour un vin haut de gamme, un grand vin de Bordeaux, le coût de production de la bouteille dépassera (un peu) les 10 €.
 
Sources : Référentiel Technico-Economique du Vigneron Bordelais 2012 (Nelly Bernaleau-Cardinel, Florence Lamoureux et leurs collaborateurs)
Lien : http://www.gironde.chambagri.fr/

vendredi 7 décembre 2012

Fête des Terroirs 2012 : les Lycées Agricoles à l’honneur

Très intéressante dégustation ce weekend dernier, au Lycée Agricole de Montagne, lors de la Fête des Terroirs, 18ème du nom.

La Fête des Terroirs, c’est le regroupement commercial de 21 lycées agricoles français :
Rouffac (Alsace), Beaune (Bourgogne), Davayé (Maconnais), Belleville (Beaujolais), Crézancy (Champagne), Avize (Champagne), Montmorot (Jura), Montagne (Libournais), Blanquefort (Médoc), Montreuil-Bellay (Saumurois), Tours (Touraine), Amboise (Touraine), Angoulême (Charente), Bergerac (Bergeracois), Cahors (Cahors), Riscle (Côtes de Gascogne), Orange (Côtes du Rhône), Nîmes (Costières), Carpentras (Ventoux), Carcassonne (Minervois), Douai (bière).
L’objectif est double : présenter au grand public l’excellence des vins produits dans les domaines viticoles des lycées d’enseignement agricoles ; mettre les élèves des classes commerciales en situation de vente.
Le bénéfice de la vente sert au financement du voyage de fin d’études des élèves, prévu cette année en Italie et en Ukraine.

Quelques chiffres de l’édition 2012 :

Plus de 90 élèves participants
près de 1 000 dégustateurs présents
près de 6 000 bouteilles vendues
un chiffre d’affaire proche de 50 000 €
 

 
Fête des Terroirs 2012 - Lycée Agricole de Montagne

J’ai apprécié les vins, qui dans l’ensemble, autant rouges, rosés, blancs secs, blancs liquoreux, que vins effervescents, de liqueur et autres mistelles, sont d’une belle facture. On notera tout particulièrement leurs rapports Qualité/Prix remarquables.

Mes coups de cœur :

-       SAINT-VERAN Clos du Château 2011 (10,60 €TTC)
Belle expression de chardonnay où le fruit et la fraicheur sont rehaussés par l’apport de rondeur et de complexité d’un élevage barrique bien maitrisé. Un grand vin blanc de Bourgogne.
-       COSTIERES de NIMES Domaine de Donadille 2009 (7,80 €TTC)
Beaucoup de fruit, de maturité et de complexité pour ce vin constitué d’une belle matière ronde et généreuse. Beau vin de caractère.
-       LALANDE de POMEROL Château Réal Caillou 2009 (13,90 €TTC)
Belle alliance de fruits mûrs et d’arômes torréfiés qui se mêlent dans une grande complexité, au service d’une structure dense, ronde et équilibrée. Un beau Lalande dans un grand millésime.
-       MONBAZILLAC Château La Brie Cuvée Prestige 2009 (18,00 €TTC)
Très bel équilibre entre l’opulence de la rondeur et de la sucrosité, et la fraicheur vive rehaussée de notes de fruits jaunes et de fleurs blanches. Grande longueur de bouche pour ce vin particulièrement réussi.

 J’ai également apprécié toute une série de vins élaborés pour être appréciés dans leur première jeunesse. Des vins de plaisirs :
-       Touraine Amboise blanc Harmonie 2010 (7,00 €TTC)
-       Côtes de Gascogne Moelleux 2011 (6,55 €TTC)
-       Moulin à Vent Comtesse Noire 2010 (12,00 €TTC)
-       Coteaux du Quercy rouge Tradition 2009 (4,65 €TTC)
-       Côtes du Rhône rouge 2009 (6,10 €TTC)
-       Montagne Gaïa de Grand Baril cuvée Bio 2009 (9,10 €TTC)
-       Saumur rouge 2010 (6,10 €TTC)
-       Chinon rouge Les Mûriers 2010 (6,20 €TTC)
-       Champagne Delhomme Brut Blanc de Noirs Tradition (15,50 €TTC)
-       Pineau des Charentes rosé (10,40 €TTC)
 
Enfin, je dois une mention spéciale aux produits du lycée agricole de Douai : les bières !
C’est un produit que je consomme très peu et que je connais mal, mais je dois avouer que la personnalité de ces bières a surpris plus d’un dégustateur. Au palmarès des bouteilles les plus vendues de ce weekend en terres de grands vins, les bières arrivent en tête !
Vous avez manqué cette dégustation... Notez dès à présent le rendez-vous pour l'année prochaine, le 1er weekend de décembre.

lundi 3 décembre 2012

2012, millésime BIO

Le millésime 2012 va donner naissance à un nouveau type de vin : le VIN BIOLOGIQUE.
En effet jusqu’à présent, seuls les raisins pouvaient recevoir une certification bio. Ces raisins permettaient d’élaborer des « vins élaborés à partir de raisins issus de l’agriculture biologique ». Pas très sexy comme dénomination.
Depuis le 1er août 2012, la Commission Européenne a donné une existence officielle au vin biologique. Il s’agit d’un vin obtenu à partir de raisins issus de l’agriculture biologique et transformé selon les normes de la vinification biologique. Il doit être élaboré à partir de 100% de matières premières agricoles biologiques.
Le règlement européen de la vinification biologique impose des contraintes spécifiques :
§  des doses réduites de Sulfites
   (- 30 à - 50 mg/l par rapport aux taux maximum fixés par la réglementation générale)
§  une liste limitative de produits œnologiques
§  une limitation des traitements thermiques à 70°C maximum
§  une limitation des clarifications par filtration ou centrifugation à 0,2 µm minimum
§  l’interdiction de certaines techniques spécifiques.
 
Ces vins bio pourront porter sur leur étiquette le logo biologique, signe de reconnaissance officiel des produits alimentaires préemballés produits dans l’Union Européenne selon un cahier des charges biologique.


Ce nouveau logo est issu d’un concours auprès des étudiants en art et design issus des 27 états membres. Après une présélection par un jury d’experts, il a été soumis à un vote en ligne. Le vainqueur est un étudiant allemand. "Je voulais qu'on reconnaisse l'origine européenne du logo, et qu'il soit très facilement identifiable. Je suis parti du drapeau européen, j'ai changé la couleur et j'ai déformé le cercle d'étoiles jusqu'à en faire une feuille. J'ai aussi arrondi la forme des étoiles, pour qu'elle soit plus souple, comme si la feuille bougeait dans le vent", a expliqué Dusan Milenkovic.

Les vins issus du millésime 2012 seront les premiers à pouvoir porter le nouveau logo (dérogation possible pour les millésimes antérieurs sous certaines conditions). A côté du logo devra figurer le nom de l’organisme certificateur et le numéro d’agrément de l’exploitation.
Mon 1er vin BIO


lundi 26 novembre 2012

Millésime 2012, la belle surprise

Article réalisé en commun avec les œnologues de mon équipe : Stéphane Renversade, Damien Houx, Mariannick Doffin et Stéphane Courrèges.

Dans mon message Millésime 2012, du 21 août 2012, au sujet de la qualité des vins de 2012, je vous disais : « Je répondrai en novembre. Quand on aura vendangé. Analysé. Goûté. Quand on aura vinifié. Ecoulé. Soutiré. Après 2 mois de travail aux côtés des viticulteurs pour extraire le meilleur de la matière première. Lorsqu’on aura vécu ensemble le millésime. Alors, on aura une idée. Alors, on dégustera les vins nouveaux. Et là, on saura. Là je vous dirai… ».
Voici le moment venu d’avoir une première analyse pertinente du nouveau millésime.

Qu’il fut compliqué ce millésime 2012 ! Depuis la fleur se déroulant dans des conditions climatiques défavorables entrainant un retard et une hétérogénéité de maturité sur la majorité des parcelles, jusqu’à la récolte où il fallut jongler entre pluies, maturité et états sanitaires.
Notre état d’esprit est passé du scepticisme au printemps, puis à l’optimisme retrouvé au beau fixe de l’été ; de l’inquiétude due au stress hydrique prononcé début septembre, au fatalisme accompagnant les abondantes pluies au moment de la récolte.
Et finalement, au bout du tunnel… la belle surprise.


Stéphane Renversade
Les blancs secs ont été récoltés début septembre, avant les pluies. Les rendements sont particulièrement faibles (50 hl/ha en sauvignon et 60 hl/ha en sémillon), mais la qualité est remarquablement réussie. Après des fermentations assez rapides, les sauvignons s'expriment en intenses notes exotiques et d'agrumes, les sémillons en notes florales. L’élevage sur lies fines permet de fondre la nervosité par l'acquisition de gras et de longueur de bouche. Un grand millésime de sec à Bordeaux !
Les rosés récoltés à partir de la dernière décade de septembre, qu'ils soient de pressée ou de saignée, sont également très réussis. Leur cinétique fermentaire fût exceptionnellement rapide et sans difficulté. Ils se caractérisent par des couleurs pâles comme le veut la tendance actuelle. Les arômes sont explosifs avec une grande pureté d’expression : fruits frais, notes de bonbons acidulés. Leurs bouches sont souples, fraiches et équilibrées, gagnant là encore, en gras et en finesse grâce à des bâtonnages sur lies. Une grande réussite !
 

Damien Houx
Après beaucoup d’observations, de patience, de visite de parcelles, de dégustation des baies, les vendanges des rouges ont commencé fin septembre pour les secteurs les plus précoces et véritablement le 8 octobre pour la majorité des secteurs, soit 3 semaines plus tard que le millésime 2011.
La maturation a été lente mais favorisée par les températures douces de septembre et octobre, permettant d'atteindre de très belles concentrations des pellicules en couleur et en fruits, ainsi qu'une parfaite maturité des pépins. La plupart des parcelles ont pu être vendangées à un niveau de maturité très abouti, sans surmaturation.
L’essentiel des rouges a été récolté en à peine 15 jours, entre le 8 et le 25 octobre, à la fois pour les merlots et les cabernets. En effet, suite aux pluies de début octobre, les baies à la peau épaisse, la maturité imparfaite, et indemnes de Botrytis, se transformèrent, en l'espace de 24 à 48 heures, en fruits parfaitement mûrs aux peaux devenues fines et pourrissantes. Une course contre la montre s’est alors déclenchée dans le vignoble. Dans les conditions du millésime, ce n’est qu’à mesure que les parcelles atteignaient leur pleine maturité que le Botrytis se développait. Ainsi, la pourriture des baies les plus avancées en maturité était la condition sine qua non à accepter pour récolter un ensemble à maturité optimale.

 
Mariannick Doffin
La vinification des Merlots fut relativement aisée avec de bonnes cinétiques fermentaires, favorisées par une bonne richesse naturelle en azote assimilable, des potentiels en alcools modérés (13 - 14 %) et des températures extérieures douces.  Par contre, l’extraction au cours de la macération a été bien plus complexe. Il fallait bien travailler la matière pour extraire suffisamment de couleur et de structure.
En fin de fermentation les vins apparaissaient colorés mais étaient difficiles à déguster : un peu austères, très acides et manquant cruellement de gras. Les opérations d’immergeage des marcs, cliquage et macération finale à 30°C avec parfois des délestages juste avant écoulage furent très bénéfiques. Après 3 semaines de macération, les vins ont gagné en sucrosité, en gras, en chair, enrobant de ce fait l’acidité des vins et équilibrant la structure.
 

Stéphane Courrèges
Que dire des cabernets ?
Leur vendange a été réalisée dans l’urgence pour la majorité d’entre eux, car dès le début de la récolte, les états sanitaires se sont très rapidement dégradés, avec des maturités hétérogènes.
Les Cabernets francs ont été récoltés particulièrement mûrs, avec un Botrytis qui n’est arrivé qu’à mesure que les parcelles atteignaient leur pleine maturité, et n’a pas dégradé la qualité. Il en a été de même pour une bonne partie des Cabernets sauvignons. Mais les plus tardifs ont parfois pourris avant d’être mûrs.
Leur vinification fut pointue car il fallait suffisamment extraire, sans aller trop loin. Il fallait trouver le juste équilibre. En étant vigilant nous avons obtenu pour une majorité des cuves des vins colorés, avec beaucoup de fruit, de fraicheur et de rondeur. Comme pour les Merlots, les macérations post fermentaires ont été très bénéfiques pour parfaire les équilibres.
 
2012 est un excellent millésime de blancs secs et de rosés, mais ne sera pas un grand millésime de rouges comme le sont 2009 et 2010. La Nature n’a pas été assez généreuse. Mais 2012 est assurément un bon millésime.
Les rendements sont déficitaires. 40 hl/ha à Pomerol, 45 hl/ha en Médoc, 50 hl/ha à Saint-Emilion ou en Côtes, 55 hl/ha en Entre2Mers.
Les Merlots sont colorés, ronds avec de beaux arômes de fruits mûrs. Les Cabernets francs sont souples et frais, avec de belles expressions de petits fruits noirs et d’épices. Les Cabernets sauvignons sont concentrés en couleur et en structure, avec des nez de fruits rouges et de notes poivrées. Enfin, le cépage le plus réussi du millésime est probablement le Malbec. Sombre en couleur et puissant en structure, ils expriment d’intenses arômes d’épices.
Ces différents cépages, les différentes parcelles, permettront d’élaborer toute une palette de vins adaptés aux différents marchés. Depuis les vins Fun qui seront très réussis, jusqu’aux grands vins d’élevage boisé, en passant par les productions de vins classiques de nos différentes appellations.

jeudi 22 novembre 2012

4ème Jeudi de Novembre

Le 3ème Jeudi de Novembre c’est…
Le jour du Beaujolais Nouveau bien sûr !
C’était facile.
Le 3ème Dimanche de Novembre c’est…
La vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune.
Bien.
Le 4ème Jeudi de Novembre c’est…
Moins facile…
Autre pays, autre culture…
Le 4èmeJeudi de Novembre, c’est... Thanksgiving Day aux Etats-Unis.
 
Un petit mot d’histoire :
En 1620 les pèlerins à bord du Mayflower débarquent dans la baie de Plymouth au Massachusetts. L’hiver sera rude et la plupart décèderont de maladie et de faim. Les autres devront leur survie à l’aide apportée par des indiens locaux qui leur fourniront des vivres et leur apprendront à cultiver une plante qu’ils ne connaissaient pas : le maïs. L’année suivante, après leur première récolte, les pèlerins survivants firent une grande fête et invitèrent les indiens à partager un repas autour de pains de maïs et de dindes sauvages rôties. Les années suivantes, plusieurs jours d’action de grâce (thanksgiving en anglais) furent instaurés afin de fêter la nouvelle récolte et de remercier Dieu de leur avoir prêté vie. Depuis, cette commémoration est devenue une tradition, célébrée chaque 4ème jeudi de Novembre depuis 1863.
 
La première Action de grâce, peinture de Jean Leon Gerome Ferris (1863-1930)
 
A l'origine, Thanksgiving est une fête des moissons ainsi qu'une action de grâce. Aujourd’hui, Thanksgiving est une fête familiale afin de remercier (la Famille, les Amis, Dieu…) du bonheur de vivre heureux chaque jour. C’est un moment de partage où l’on se réunit autour d’un grand repas constitué de la fameuse dinde rôtie, de pain de maïs et de tarte au potiron.

Thanksgiving me fait penser à ces repas pour fêter la fin des vendanges, que l'on appelle gerbaude. Dans le Médoc, on y sert traditionnellement l'oie rôtie que l'on appelle l'aoucate. J’aime bien ce concept de dire merci à ceux que l’on aime, tout simplement pour le Bonheur d’être en vie, et de partager cette joie. Nous Français avons plutôt tendance à râler et à nous plaindre tout le temps, pour les petites choses qui ne vont pas…
Je propose d’instaurer un Thanksgiving Day en France, et d’imposer le Beaujolais Nouveau comme vin officiel à cette occasion.