lundi 27 août 2012

Jeudi 30 août, célébrez le #CabernetDay

Imaginé en 2010 par le sommelier américain Rick Bakas, le #CabernetDay crée l'événement.
3 000 participants dans le monde en 2010, 6 000 en 2011 (17 000 tweets échangés). Combien serons-nous en 2012 ?



L'idée est de réunir ce jour-là tous les amateurs du cépage Cabernet. Ouvrez une bonne bouteille à base de Cabernet. Dégustez-la avec des amis. Et partagez vos impressions sur les réseaux sociaux. Envoyez une photo sur Facebook, une vidéo sur YouTube, un post sur Twitter… , en mentionnant le hashtag #CabernetDay #France. Car l’objectif est bien de créer le buzz ce jour-là, autour du Cabernet en particulier et du vin en général.
Chez vous, au restaurant ou dans les nombreux lieux de dégustation participants, venez célébrer le Cabernet. Et partagez vos émotions !
N’oubliez pas le hashtag #CabernetDay #France. Car si l’événement est mondial, n’oublions pas de bien rappeler que le cépage Cabernet est originaire de chez nous !

Le #CabernetDay se fête le jeudi avant la Fête du Travail aux Etats Unis (1er lundi de septembre) soit en 2012 : le jeudi 30 août.

Lien :

mardi 21 août 2012

Millésime 2012

Ca y est ! On commence à me demander : « Alors ? Les vins vont être bons en 2012 ? ».
On n’a même pas encore ramassé les raisins ! Comment voulez-vous répondre à cette question ?
Il faut être journaliste pour oser répondre aujourd’hui… Moi je ne suis qu’un technicien. Je répondrai en novembre. Quand on aura vendangé. Analysé. Goûté. Quand on aura vinifié. Ecoulé. Soutiré. Après 2 mois de travail aux côtés des viticulteurs pour extraire le meilleur de la matière première. Lorsqu’on aura vécu ensemble le millésime. Alors, on aura une idée. Alors, on dégustera les vins nouveaux. Et là, on saura. Là je vous dirai…

Pour l’heure que peut-on dire ?
Voici un petit résumé du développement végétatif de la vigne selon les conditions climatiques de l’année 2012.
(CLIMATOLOGIE 2012 - station de Saint-Emilion    Source : Chambre d'Agriculture de la Gironde)

en Rouge : données mensuelles
en Jaune : moyenne des 30 dernières années

Malgré un mois de décembre arrosé, l’hiver a été sec avec un déficit de pluviométrie de l’ordre de 40%. Décembre et mars ont été doux, mais février a été particulièrement froid avec – 6°C par rapport à la moyenne trentenaire et des minimas inférieurs à -15°C ! Du jamais vu depuis 50 ans. De manière localisée, des bourgeons ont gelés.
Mars et mai ont été doux et secs, mais avril a été froid (-2°C / gel localisé le 17) et très arrosé (+90%). Cette période froide et humide a perturbé le débourrement et la pousse de la vigne qui ont été particulièrement étalés. On observe fréquemment, dans une même parcelle,  un décalage de 2 semaines. Parfois ce décalage est observé sur le même pied, entre les bourgeons des extrémités et ceux du milieu de l'aste.
Mai et juin ont été doux, avec une pluviométrie en juin centrée sur la première partie du mois, perturbant la floraison, avec parfois Coulure ou Millerandage. Les conditions chaudes et humides de juin ont été particulièrement favorables au développement des maladies, notamment le Mildiou dont la pression sera très forte toute la campagne.
Juillet est plutôt frais (-1,5°C) et sec (-15%), mais est surtout très contrasté. On observe une succession de périodes très chaudes suivis de chutes de températures de 10°C, retardant la véraison. La pluviométrie est une nouvelle fois centrée sur la première quinzaine.
Enfin août est chaud et sec avec une période de canicule du 17 au 19, qui agrave les phénomènes d'Esca et provoque des échaudages localisés.

Les grands froids de février et la fraicheur d’avril ont perturbé le débourrement qui a été particulièrement étalé. Il en a résulté une grande hétérogénéité au vignoble encore visible aujourd’hui.
La ½ Floraison du Merlot s’étale du 01 au 10 juin selon la précocité des terroirs.
La ½ Véraison du Merlot s’étale du 05 au 20 août.

Voilà. Tout cela sont des faits. Observés, mesurés.
Ils ne permettent pas encore de prévoir la qualité du millésime, ni la quantité d’ailleurs. Le mois qui vient est le plus important. C’est lui qui fera quantité et qualité. Aujourd’hui, tout est encore possible.
La seule chose que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que le travail au vignoble a été sans relâche, sous la pression très forte des maladies. La plupart des viticulteurs ont réussi à protéger leur feuillage et leur récolte, mais certains non. Pour ceux-là, la qualité comme la quantité sont déjà compromises.

mardi 14 août 2012

La Vie en Rose

Cet été, vous n’avez pas pu passer à côté des affichages magazines et des spots radio vantant les qualités des Bordeaux rosés. C’est une excellente initiative de l’ODG des Bordeaux !


Bon… L’autre rosé, c’est celui de Bordeaux. Mais alors, l’autre ? C’est qui ?
Celui de Provence bien sûr ! La référence et le leader sur les marchés.
Quelques chiffres(Source : Conseil Interprofessionnel des Côtes de Provence et FanceAgriMer)

Production mondiale :  25,3 millions Hl                       Consommation mondiale :                       Production française : 6,5 millions Hl
(soit 10% de la production mondiale de vin)              
            1/ France         26 %                                       1/ France        35 %                                     1/ Provence    40 %
            2/ Italie            22 %                                        2/ USA            14 %                                     2/ Loire           18 %
            3/ USA            15 %                                        3/ Allemagne     7 %                                    3/ Rhône         14 %
            4/ Espagne     12 %                                        4/ Italie               6 %                                    4/ Bordeaux    12 %

La production et la consommation mondiales de vins rosés ne cessent de croître.
La France est le 1er pays producteur de vins rosés et les Français les 1ers consommateurs (11,8 litres par habitant en 2010).
La production française est dominée par la Provence. Bordeaux arrive en 4ème position.
La commercialisation des Provence rosés se fait préférentiellement en GD+HD (47%), puis CHR (19%) et Vente Directe (17%).

J’ai profité cet été, de vacances sur la Côte d’Azur, pour étudier l’offre rosés de Provence. J’ai eu l’occasion de déguster une vingtaine de références provenant de la GD, de cavistes ou au restaurant.

1er constat : le prix. Pas grand-chose en dessous de 5 € la bouteille en GD et de 25 € en restauration. En GD l’offre se situe entre 5 et 10 €. L’offre Bordeaux rosé est, elle, entre 3 et 5 €.
2ème constat : la couleur. Nous savons tous que les rosés de Provence sont très pâles. Mais ce qui frappe dans les rayons, c’est l’uniformité des couleurs. Les 20 ou 30 références présentes en magasins ne varient que par de subtiles différences dans les teintes, un peu plus roses ou un peu moins jaunes. Il faut saluer là le très important travail effectué par le Centre du Rosé à Vidauban, depuis une dizaine d’année.
3ème constat : le packaging. Il est soigné, haut de gamme. Bouteille blanche, haute, lourde. Bouteille gravée syndicale ou contenant personnalisé. Etiquette sobre, classe. Finit les flacons fantaisie aux étiquettes colorées. La première impression reçue par le regard est une image de qualité.
4ème constat : la qualité. Tous les Provence rosés que j’ai dégustés étaient de bons vins. Dégustation type :
Couleur rosée très pâle, à peine nuancée de touches saumonées ou bonbon. Jamais de note marquée jaune ou mauve. Limpidité parfaite.
Nez d’intensité moyenne (jamais explosif) mais d’expression très pure, très bien définie. Les arômes dominants sont floraux (rose, pivoine). Le fruit est présent mais discret (pêche, abricot, framboise, agrumes). Parfois quelques touches végétales apportant de la fraicheur.
Les bouches sont légères, souples et fraiches. Jamais de caractère sucré ni d’amertume. Ce sont des bouches simples proches de celles des vins blancs, avec toujours un taux de CO2 élevé apportant vivacité, fraicheur et « structure ».
Des vins très techniques, très maitrisés. Ils n’ont pas énormément de caractère mais ils sont bons ! Ce ne sont pas des vins à déguster. Ce sont des vins à boire. La maitrise technique est telle que l’on ne se pose pas de question. On les consomme tout simplement. Et avec beaucoup de plaisir.

Je suis un vrai amateur de rosés ! Et notamment de rosés de Bordeaux, qui lorsqu’ils sont réussis, sont particulièrement fruités et croquants. Une vraie friandise ! Mais je dois bien avouer qu’il nous reste encore une marge de progression pour atteindre l’homogénéité qualitative de la Provence.

vendredi 10 août 2012

Bordeaux Fête le Vin

Je suis un grand fan de la Fête du Vin à Bordeaux !
http://www.bordeaux-fete-le-vin.com/
C'est une immense réussite à la fois pour Bordeaux la ville et pour le vin de Bordeaux.
Voir ces milliers d’amateurs se donner rendez-vous sur les quais pour découvrir toute la variété de nos vins me remplit d’optimisme. En petits groupes, ils vont de pavillon en pavillon pour déguster là les vins du Saint-Emilionnais, ici ceux du Médoc, là-bas les rosés ou plus loin ceux des grandes maisons du Négoce. Chacun choisi un vin différent, puis passe son verre à l’autre. On compare, on décrit, on s’exprime, on argumente, on échange… Le pouvoir de communication du Vin est magique. J’ai noté la présence forte de la jeune génération. J’ai observé son désir de découvrir, d’apprendre, de comprendre… Quel message enthousiasmant ! Si nos jeunes s’intéressent ainsi à nos productions, l’avenir de la filière vin est assuré !
Un seul chiffre pour illustrer : En quatre jours, 12 349 personnes ont fait la queue pour recevoir une formation à la dégustation par l’Ecole du Vin du CIVB. 12 349 ! 

Une remarque cependant.
Comme tout le monde, j’ai utilisé mon pass dégustation sur les différents pavillons. C’est une occasion de rencontres avec des producteurs, des amis, ou des vins… Nous avons avec mon épouse (œnologue elle aussi) utilisé un seul pass et un seul verre. A chaque verre servi, nous avons pu déguster l’un et l’autre, et il restait du vin dans le verre, que nous avons vidé dans les seaux prévus à cet effet. De retour au laboratoire je me suis amusé à une petite expérience. Les verres servis sur les quais contenaient en moyenne 60 ml de vin. J’ai demandé à une vingtaine de personnes (œnologues, producteurs ou simples consommateurs) de déguster 2 fois un verre rempli à 60ml de vin, puis j’ai mesuré le volume restant. Le volume nécessaire à 2 dégustations était compris entre 10 et 50 ml. Le plus souvent il était de 30-40 ml. Pourquoi remplir des verres à 60ml quand 40ml suffisent à déguster le vin 2 fois ? Bien évidemment, avec mon épouse, nous avons recraché les vins dégustés. Mais lorsque les vins sont avalés, cette différence 60ml / 40ml n’est pas anodine (13 tickets de dégustation à 60 ml par verre font 780 ml, soit plus d’une bouteille). Je suggère donc aux organisateurs pour l’édition 2014, de distribuer des verres gravés d’un trait de service correspondant à 40ml. Cela facilitera le travail des serveurs. Limitera les risques de débordement. Et n’enlèvera rien au plaisir de la découverte et de la fête.

jeudi 9 août 2012

Dégustation à l'aveugle

La dégustation à l'aveugle consiste à déguster un vin en n'ayant aucune indication à priori. Ni le cépage, ni l'appellation, ni le millésime, ni le producteur... Rien d'autre que les informations fournies par les sens : vue, olfaction et goût. C'est une dégustation difficile, école de la modestie. C'est celle pratiquée au quotidien dans mon métier, par l'oenologue. Mais ce n'est pas exactement de cette dégustation là que je veux vous parler.
 
La dégustation à l'aveugle que j'ai envie de partager avec vous est celle que j'ai expérimentée lors de Bordeaux Fête le Vin. Cette dégustation proposée par l'organisation du Concours de Bordeaux consistait à déguster non pas à l'aveugle, mais comme un aveugle. C'est à dire dans le noir total !
Nous étions un groupe de 4 personnes attendant notre tour sur les quais, dans la clarté chaude de ce matin d'été. Avant d'entrer dans la chambre noire - le dark lab - on nous a demandé d'éteindre nos portables, de retirer nos montres aux aiguilles phosphorescentes, afin qu'aucune source de lumière ne pénètre. En file indienne, chacun avec une main sur l'épaule de l'autre, nous pénétrons dans la chambre, après avoir franchi plusieurs rideaux lourds et épais. Nous arrivons dans le noir le plus total. Bien plus sombre que le noir de la nuit ou que celui que l'on "voit" si l'on ferme les yeux. Je ne sais pas où je suis. Rien à regarder. Aucune image où poser les yeux. Seul un petit comptoir auquel je me cramponne, car c'est mon seul repère. Une personne s'approche. Sa voix est chaude, rassurante. Elle nous met à l'aise. Il fait noir. Il fait frais. On se sent bien. On nous met à chacun un verre dans la main, que l'on prend maladroitement. La dégustation commence.
 
©Chambre d’Agriculture Gironde
©Chambre d’Agriculture Gironde
©Chambre d’Agriculture Gironde

Le nez est intense, expressif. C'est frais : pamplemousse, pêche, une note végétale. C'est du sauvignon ça ! La bouche est souple et vive, fraiche, désaltérante et équilibrée. C'est très agréable. Chacun s'exprime ; avec facilité et sans complexe. Il y a plusieurs petits groupes dans le dark lab, mais c'est comme si on était tout seul. Alors, qu'avez-vous dégusté ? Nous demande la voix rassurante de notre guide. Je propose un vin blanc. Un Bordeaux 2010. C'est un Entre-Deux-Mers 2010. Pas mal. On nous reprend notre verre et nous en remet un 2ème.
Nez moyennement expressif. Frais et délicat. Arômes fruités et floraux. Fruits rouges, abricot, pivoine. Ca évoque un rosé. La bouche est souple et ronde, avec un bon taux de CO2 apportant de la fraicheur. C'est gourmant. Ca donne envie de le boire. Je propose un Bordeaux rosé 2011. Gagné.
3ème verre. Nez discret, peu expressif. Pas d'indication visuelle, pas d'indication olfactive. A ce stade je ne sais pas ce que je goûte. L'attaque en bouche est souple, puis apparaissent des tanins. Il y a une certaine structure, mais l'ensemble est léger. La finale est un peu sèche, puis courte. Ce vin m'apporte peu de plaisir. Je ne le comprends pas. Je n'ai aucune idée de ce que je goûte ! A côté de moi quelqu'un propose un blanc boisé. Bien vu, c'est un Graves blanc vinifié en barriques. Moi j'ai rien vu ; j'ai rien compris. Dégustation à l'aveugle : école de la modestie.
La dégustation est terminée. Tout le monde est enchanté de l'expérience. Notre guide nous raccompagne vers la lumière. L'agitation colorée des quais tranche avec l'ambiance du dark lab. Je me tourne vers notre guide pour le remercier de sa gentillesse. Il se tient maladroitement, le regard fixe derrière ses lunettes noires. J'avais complètement oublié. Il est aveugle ! Là il à l'air d'un infirme. Avant, dans le noir, c'était moi l'infirme. Et lui, si à l'aise, était mon guide.
J'ai particulièrement apprécié cette expérience. Elle m'a rappelé que l'une des principales difficultés de la dégustation est la concentration. Afin de bien déguster, il faut pouvoir se concentrer. Oublier tout ce qui nous entoure pour se focaliser sur la perception de nos sens : vue, odorat, goût. Dans le dark lab, la dégustation m'a paru aisée. Dans le noir total, sans perturbation extérieure, la concentration est plus facile. Et la dégustation peut être plus pertinente. C'est décidé. Je mûre les fenêtres de ma salle de dégustation !   ;-)

Un grand merci aux organisateurs (tout particulièrement Magali Templier) pour avoir permis à 5 000 personnes de vivre cette expérience ; ainsi qu'au groupe d'aveugles si gentils et si sympathiques.
Lien vers la société ETHIK à l'origine du concept du Dark Lab, spécialiste d'expériences dans le noir et d'un regard différent sur le handicap   http://www.danslenoir.com/


mardi 7 août 2012

Le Verre à moitié plein

Le verre : Il s'agit ici d'un verre de vin.
                 Mon propos est de parler de ce que je connais le mieux, de ce qui est ma passion et dont
                 j'ai fais mon métier :  le VIN

à moitié : Ce verre n'est qu'à moitié plein car rien n'est parfait dans ce monde du 3ème
                millénaire, et les choses ne sont pas parfaites non plus dans le monde du vin. Mon propos
                n'est pas d'être oenologiquement correct, mais de dire les choses qui ne vont pas.
                D'appuyer là où ça fait mal. De proposer un autre regard. D'essayer de faire bouger les
                lignes.

plein : Car je suis un éternel optimiste !
           Je vous emmène avec moi pour vous raconter mon métier, ma passion. Suivez-moi dans les
           vignes et dans les chais, et partagez le quotidien d'un oenologue de terrain, consultant auprès
           de très nombreux producteurs de vin du Bordelais.