’’Ne vante ni ne
critique, analyse la valeur.’’
Autant
prévenir d’entrée de jeu : Vinobusiness n’est pas un livre
gentil. C’est un écrit âpre et acide comme un mauvais vin. Un pamphlet ou
plutôt un brûlot, contre le monde du vin. Celui de Saint-Emilion et des Grands
Crus Classés en particulier. En cela, ce livre me fait penser au Mondovino
de Jonathan Nossiter. D’ailleurs, Isabelle Saporta prévoit la réalisation d’un
documentaire TV.
Comme
Nossiter il y a 10 ans déjà, Isabelle Saporta a su mettre en confiance les
personnalités qu’elle a interviewées ; elle a su les faire parler, les
emmener là où ils n’avaient probablement pas envie d’aller…, pour mieux les
poignarder. Pour mieux utiliser tout ce qu’ils avaient révélé, contre
eux-mêmes. Elle tire sur tout ce qui bouge, tout ce qui passe à sa portée, et à
boulets rouges. Les grands crus classés, les négociants (Moueix), les
consultants (Michel Rolland, Alain Raynaud…), les critiques (Jean-Marc Quarin,
James Suckling…), la presse spécialisée (RVF, Wine Spectator…), les
interprofessions (CIVB, syndicats viticoles, INAO…), les oenologues, les
laboratoires, les instituts de recherche, les banques, les pesticides, les
produits œnologiques…
Avec une cible privilégiée : Hubert de Boüard. Peut-être que l’homme - à la fois membre de plusieurs interprofessions, propriétaire de Grand Cru Classé, consultant et œnologue - cristallise-t-il la vindicte de l’auteur…
Avec une cible privilégiée : Hubert de Boüard. Peut-être que l’homme - à la fois membre de plusieurs interprofessions, propriétaire de Grand Cru Classé, consultant et œnologue - cristallise-t-il la vindicte de l’auteur…
Vinobusiness est un livre animé de mauvaises
intentions, rempli de méchanceté. Et c’est l’une des raisons qui lui ont valu
le déferlement de critiques négatives auquel on a assisté depuis sa sortie
début mars. Critiques acerbes, méchantes parfois, voire injurieuses. On traite
la Miss Saporta de tous les noms. On critique la forme. ’’Mal écrit’’ pour
beaucoup, voire ’’bâclé’’. On relève les coquilles, les redites, les lourdeurs,
les redondances… Et la plupart des journalistes et des bloggeurs relayent le même message qui tourne en boucle. A se demander parfois si tout ce petit monde a lu le livre ou seulement les papiers des autres critiques... Mais on se garde bien d’aborder le fond. Ou alors on dit que
le bouquin ne contient rien de vraiment nouveau. Que l’on savait déjà tout ça.
Donnant par là même, plus de crédit à l’enquête de mademoiselle Saporta…
Car
Vinobusiness est bien une enquête. 2
ans de travail dans le petit monde fermé du Vin. A Saint-Emilion, en Médoc,
mais aussi en Bourgogne, en Champagne, à Monaco, en Chine… Dans les vignobles,
dans les laboratoires d’œnologie, dans les Interprofessions, à la Fête de la
Fleur, aux Primeurs… Incontestablement, un véritable travail.
Un
travail qu’on ignore, qu’on dénigre. Qu’on traite de petit, sale et méchant.
Comme on traite son auteur. Focalisant sur la forme et sur l’auteur, comme pour
détourner du fond. Comme si on avait des choses à cacher. Comme si on avait
peur de je ne sais quoi…
Pourtant,
Isabelle Saporta pose de vraies questions.
Quel
avenir pour la viticulture artisanale et familiale, face aux grands groupes
investisseurs ? Quel crédit accorder aux classements des vins ? Quand
on donne des centaines d’€ pour 1 bouteille de vin, en a-t-on pour son argent ?
Les critiques vin sont ils réellement indépendants ? Quels sont les véritables
dangers des pesticides pour le consommateur ?
Certes,
le livre est tellement négatif, l’auteur est tellement critique, sur tout et
sur tous, que cela lui enlève un peu de crédit. J’aurais aimé - un chapitre au
moins - où l’auteur mette un peu de poésie, un peu de passion, un peu d’Amour…
Le monde du vin, dans ses hommes et ses femmes, autant que dans ses bouteilles,
en contient tant !
Il
ne me revient pas de juger si tout ce qui est relaté par Isabelle Sapora dans Vinobusiness relève de la triste réalité
du petit monde du vin Bordelais, ou de ses propres fantasmes dictés par je ne sais quels obscurs desseins. Mais
il m’a semblé qu’une voie plus mesurée, au milieu d’un concert de critiques
négatives, avait sa place.
Maintenant,
arrêtez d’écouter les avis des uns et des autres ! Lisez Vinobusiness et faites-vous votre propre
opinion !
Interview d’isabelle Saporta sur Les Echos TV :