Jacques
Dupont aime à prendre le temps. Le temps de bien faire les choses. Ainsi passe
t’il 5 semaines complètes à Bordeaux pour déguster et sélectionner ses coups de
cœur au moment des Primeurs.
Pendant
ce temps, la plupart des autres critiques restent 1 à 2 semaines. Le temps de
noter les crus classés… Et de ne pas trouver le temps d’ouvrir l’horizon. De
découvrir tous ces vins magnifiques, moins connus, mais tellement bien faits,
tellement bons. Des rapports Qualité/Prix exceptionnels. Exactement les vins
que recherchent les consommateurs, ceux-là même qui liront leurs compte-rendus
de dégustation… Mais goûter les crus classés est tellement plus facile…
Jacques
Dupont prend son temps. Le temps de déguster, de sélectionner. Mais aussi le
temps de penser, de mener enquête et d’écrire. Après 6 mois de travail et d’enquête,
il nous livre un pamphlet contre la loi Evin : INVIGNEZ-VOUS !

Petit
ouvrage (par la taille) de 130 pages, bien documenté et très bien écrit, qui se lit d'une traite et avec jubilation, cet
essai aborde les angles historiques, idéologiques et politiques qui ont enfanté
la loi Evin. Jacques Dupont propose une autre approche du problème de l’alcoolisme
sur un plan social et pédagogique, où le vin retrouve la place qui lui revient dans
notre société.
Alors,
comme Jacques Dupont, comme l’association Vin
et Société, défendez notre culture et notre patrimoine. Invignez-vous !
Je
ne résiste pas à la tentation de citer quelques extraits de l’ouvrage :
(Le texte en italique a
été rajouté pour faciliter la lecture)
"La plus ahurissante des spécialités française
consiste en cette intense capacité à
flinguer sans sommation tout ce qui serait susceptible de figurer un semblant
de fierté hexagonale.
Le pire du pire fut atteint avec la loi Evin,
adoptée en 1991 et toujours en vigueur, qui fait du vin une sorte de drogue
licite. Avec elle, nous sommes entrés
dans une phase prohibitionniste à peine voilée.
Le vin de France, un domaine qui faisait
l’unanimité, dont personne ne contestait la supériorité sur tous les autres
dans tous les pays, fait figure de proscrit chez lui.
La loi Evin, figure le comble de ce que nous
sommes capables de produire pour nous punir, nous entraver. Même si beaucoup en
conviennent, personne dans le monde politique n’ose prendre l’initiative de la
mettre au rancart ou de la réformer.
Association Nationale contre l’Abus des
Boissons Alcooliques, puis Société
Française de Tempérance, Ligue Nationale contre l’Alcoolisme…, pour devenir
l’ANPAA, Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (…) toutes mettent en garde la société
contre le risque d’alcoolisation des pauvres. (…) L’ouvrier alcoolique devient fainéant, boit sa paye, bat sa
femme, engendre des enfants débiles qui ne feront pas de bons soldats et…
descend dans la rue.
Avec
l’ANPAA, toutes les enquêtes sont toujours réalisées à charge. Il s’agit
de cogner à coups d’arguments massue (…),
avancer masqué vers le but final, la prohibition, sans jamais l’avouer ou à
mots couverts…
Personne ne le nie : l’abus d’alcool nuit
gravement à la santé. L’abus de beurre aussi, de sucre, de télévision, de
téléphone portable, l’abus de Dieu même nuisent aussi à la santé. (…) L’abus de morale me semble
particulièrement dangereux pour la démocratie.
La loi Evin est un échec car elle n’est que
répressive et ne délivre aucun message d’empathie, de prise en charge, de main
tendue.
La loi Evin est un échec car elle a été
conçue, écrite et appliquée par des gens qui nient la réalité dans sa diversité
et appliquent des schémas mathématiques sur des problèmes de société à forte
dimension historique. Confondre le vin dans nos civilisation avec la molécule
d’alcool, ne pas voir dans sa consommation sa dimension culturelle, verbaliser
la transmission, traiter en coupables ceux qui essaient d’informer, les
comparer à des dealers de drogue, voilà au moins trois causes sérieuses de cet
échec. Le reste, la négation de l’effet bénéfique sur la santé ou simplement la
convivialité, la parole, le partage que la consommation du vin implique,
découle de cette vision sectaire.
Ce que propose le parti hygiéniste représenté
par les activistes de l’ANPAA et qui semble jusqu’à présent avoir l’assentiment
des pouvoirs publics – taxation supplémentaire, diabolisation, verrou sur
l’éducation du goût, mise en avant des risques, minoration des bienfaits etc. –
nous mènera sans doute à une baisse supplémentaire de la consommation en
France. Le vin demeurera un produit d’exportation intéressant pour notre
commerce extérieur.
A l’intérieur, il va tendre de plus en plus à
devenir un produit de luxe réservé aux élites, aux familles qui possèderont les
moyens déjà de l’acheter, de le conserver et de le consommer, d’en faire un
patrimoine et de transmettre bouteilles et connaissances. Pour les autres, il
restera les alcools industriels et bon marché avec, à la clef, des problèmes
d’alcoolisation et d’alcoolisme de plus en plus récurrents."
© Editions Grasset
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