8H00
du matin en ce début Juin.
Nous avons rendez-vous avec Philippe Raymond,
responsable technique du Conseil des Vins de Saint-Emilion et son assistant
Didier. Comme tous les mardis et vendredis matin, en cette période de floraison
de la vigne, ils vont relever les données du capteur de pollen.
Ce
capteur, propriété des ODG Saint-Emilion, satellites, Pomerol et Fronsac a été
installé en 1987. Issu d’un travail entre le CEMAGREF et le CNRS, il permet de
capter les émissions de pollen dans l’atmosphère. Il s’agit tout simplement
d’un filtre en tissu qui piège les grains de pollen contenus dans l’air.
L’unité de mesure est donc le nombre de
pollens / m3 d’air. Le filtre n’est pas spécifique. Il retient
sans distinction les pollens de tous les végétaux qui sont en fleur à cette
période.
Deux
fois par semaine donc, Philippe viens remplacer l’un des 2 filtres et noter la
vitesse du vent. Il y a un peu de vent ce matin au sommet du moulin sur lequel
est installé le capteur. L’anémomètre indique 9 km/h. La vue sur le vignoble de
Saint-Emilion en cette matinée printanière au ciel dégagé est magnifique !
Une
fois relevé, le filtre est envoyé au laboratoire du CNRS de Montpellier. Après
récupération des grains de pollen, le laboratoire effectue un tri entre les
différentes espèces par analyse de l’ADN. On comptabilise donc de manière
spécifique le nombre de pollens issus de la vigne / m3 d’air.
A
quoi ça sert ?
La
technique a été développée pour estimer la production de certaines plantes
pérennes (oliviers, agrumes, noyers…) d’un point de vue quantitatif. Elle est
très utilisée aujourd’hui car très pertinente. Elle est également utilisée pour
suivre la pollinisation de plantes allergènes et ainsi diffuser des bulletins
d’alerte destinés aux personnes allergiques. Elle a ensuite été adaptée pour la
vigne.
Le rendement du vignoble est aléatoire en fonction de la pluviométrie,
qui va faire grossir ou pas les grains formés après floraison. Ainsi
l’estimation quantitative est-elle moins précise pour la vigne.
Par contre
le relevé des pollens de la vigne permet d’établir une cartographie de la
floraison de l’année. Il permet de connaitre : la précocité, l’étalement,
la mi-floraison, le décalage entre Merlots et Cabernets… Toutes ces indications
permettent d’avoir une lecture qualitative de la floraison et du millésime qui
se prépare. De plus, cette technique permet d’avoir une première approche de la
date de récolte. C’est une information précieuse qui permet aux entreprises du
grand Saint-Emilionnais d’anticiper leurs chantiers de récoltes et leurs
embauches saisonnières, près de 3 mois avant les vendanges qui vont mettre tout
le secteur en ébullition.
Tous
les viticulteurs sont dans l’expectative. La météo très contrastée de ce début
Juin – alternance de journées caniculaires et d’autres froides et pluvieuses –
n’est pas favorable à une bonne floraison. Le risque de Coulure et de
Millerandage est très important. Nous y verrons plus clair à la fin du mois.
Philippe
et Didier rangent l’échelle et l’installent sur leur camionnette. Il est 8H30.
Retour vers la Maison du Vin. Une longue journée les attend avant un weekend
bien mérité.
C'est de la haute technologie bien utile pour avoir une idée des prochaines récoltes.
RépondreSupprimer